Naître en Méditerranée, c'est naître sous un soleil qui, de la fin de l'aurore jusqu'au début du crépuscule, impose un fabuleux contraste, quasi outrageant entre ombre et lumière. C'est une quête d'équilibre entre l'exubérance et l'ascèse, entre abondance et sécheresse, entre violence et douceur, entre cacophonie et silence...
Il y a comme un état d'exagération permanente, on rit et pleure beaucoup, on s'embrasse trop et on se hait tout autant... Il y a un si singulier état d'urgence à vivre, à aimer et à mourir!
Il y a comme un antique lamento della vita!
Picasso, quant à lui, déclarait: « Chaque fois que j'arrive à Antibes, je suis repris par cette Antiquité ».
D'Oran à Antibes, Cannes, Marseille.. deux rives qui se ressemblent, se regardent..
Pierre-Louis est né en Algérie, à Oran. Plus tard il traversera cette mare nostrum, ce sera Marseille, Cannes... son chemin artistique est totalement imprégné de cette terre méditerranéenne et de cette profusion d'envies, de désirs, d'impératifs à raconter, à chercher, à explorer, à créer.
En 2003, il passera du Levant au Ponant et vient dans les Landes. Il explore alors une autre rive, d'autres eaux, d'autres sentiers et d'autres langages, d'autres axes de création.
2015, c'est le moment où sa peinture révèle son état d'être.
C'est une peinture bleue, quasi monochrome. Ce sont ces mots (ses maux?) bleus à lui...
Ce parti-pris monochromatique est-il la traduction de sa nécessité d'aller à l'essentiel (l'essence-ciel)? à laisser s'éloigner l'exaltation du polychrome, du polymorphe?
C'est assurément l'arrivée d'un langage sobre et apaisé.
Nous découvrons une narration nostalgique, mélancolique... mais précise, nette, entière, en forme d'abandon, en forme de révélation crue et tendre.
Quand on est devant cet univers bleu, on croise son regard, on frôle son âme, on visite ses rêves!
Il a une maîtrise remarquable du trait, et se réjouit, avec brio, de l'ombre et de la lumière.
Pierre Giusti, un bel artiste à découvrir!
M . M
"Un homme et un artiste! En voit-on souvent dans la vie, de ces animaux-là?
D'abord il est si difficile de rester bon et honnête au milieu d'un monde où tout est corruption. Je le dis sans haine. Je sais que personne ne peut sauter plus haut que le bord de son chapeau.
Ensuite, qu'est-ce qu'un artiste ? C'est le favorisé du hasard, qui le fit naître doué du pouvoir d'extérioriser ses sentiments, comme le rossignol qui sort du nid pour aller chanter sur la branche. Je ne vois là aucun mérite.
Le mérite, ce serait de faire, de ses propres mains et sans en avoir jamais vu faire, une paire de bottines aussi parfaites que celles qui sortent des mains d'un bon bottier après trente ans d'expérience.
Non ; nous sommes tous de pauvres diables plus ou moins vains.
Mais là où nous commençons à être des hommes et des artistes, c'est quand nous souffrons de toute la souffrance humaine, quand nous l'exprimons selon nos moyens et combattons le mal causé au monde par notre égoïsme : l'Art, c'est une guerre à notre imperfection."